Les masques perdus de Maggie : un scandale d’état?
Vous avez déjà tous entendu parler de cette nouvelle histoire belge des 5 millions de masques chirurgicaux commandés à une société en Turquie. Société qui a fait défaut et n’a rien fourni.
C’est déjà lamentable comme ça mais lorsqu’on y regarde de plus près, c’est encore plus surprenant et dérangeant.
Lorsqu’on consulte le rapport d’attribution en rapport avec l’offre publique d’achat qui a été lancée, on s’aperçoit que cinq entreprises avaient été jugées aptes à fournir 10 millions d’unités. En fin de compte, le SPF (Service Public Fédéral) Santé publique a choisi de ne commander que 5 millions de masques. “Aucune négociation n’a été menée, étant donné l’urgence des commandes”, indique le rapport d’attribution.
Le SPF Santé publique a fait la sélection du fournisseur en fonction du prix et de la vitesse de livraison et a choisi un système « en cascade »: si le premier de la liste ne peut pas livrer, la commande passe au suivant, etc.
Les 3 premières entreprises étaient :
- LS Medical de Genk (0,71 euros pièce, délai de livraison de 5 jours)
- MOSSA (0,68 euros pièce, délai de 7 jours)
- Life Solutions (0,61 euros pièce, livraison à partir du 20 mars)
LS Medical n’a finalement pas pu livrer. Selon le cabinet De Block, il y avait des problèmes d’approvisionnement en raison d’une interdiction d’exportation en Bulgarie. Et donc la commande de 5 millions de masques buccaux a été attribuée à la société MOSSA.
Derrière cette « société en nom collectif », qui est la forme la plus élémentaire de société commerciale, se trouve un certain Mahmut Öz de Temse. MOSSA signifie d’ailleurs “Mahmut Öz Service Support Agency”.
Ensuite, les choses ont rapidement mal tourné pour des raisons peu claires. “Les masques commandés par notre pays n’ont pas été livrés car il pourrait y avoir fraude par un producteur en Turquie”, a indiqué dimanche le cabinet De Block. L’affaire est si grave que le dossier a été transféré au parquet de Bruxelles, qui coopérera avec le parquet fédéral.
Enfin, il est très surprenant de constater que la société MOSSA n’est en rien spécialiste des produits médicaux. Elle semble d’ailleurs n’être spécialisée en rien tant les raisons sociales de l’entreprise sont diverses et très variées :
- Conseil en relations publiques et communication
- Activités générales d’audit
- Supervision de travaux de construction
- Agence de sondage d’opinion et d’études commerciales
- Conseil dans le domaine de la sécurité aux entreprises et aux autorités
- Location et leasing de machines, d’équipements et d’outils pour bricoleurs
- Activités de consultance en informatique
- Gestion de biens immobiliers
Récapitulons donc. Le SPF Santé publique a donc commandé 5 millions de masques chirurgicaux à une entreprise à la forme juridique minime et donc peu solvable, dont il n’est pas prévu dans ses statuts qu’elle traite les sujets médicaux et dont le patron est un membre du même parti que la ministre de la santé…Et ces masques ne sont jamais arrivés !
Dans n’importe quel autre pays, ce serait un scandale d’Etat et la ministre en question aurait déjà dû démissionner. Mais pas en Belgikistan !
Centre Solidaristes d’Etudes Politiques
Source : site Businessam
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