Vers une nouvelle crise bancaire !
Malgré le Bexit, les magouilles se poursuivent, mais dans les bureaux capitonnés des grandes banques européennes le climat est morose. Ce ne sont pas l’Euro de foot, ni le Tour de France, ni bientôt les Jeux Olympiques qui pourraient distraire les Banksters de leur occupation favorite : l’enrichissement sans cause.
Parce que dans le domaine bancaire et financier, cela ne va pas tellement mieux depuis la “Crise” de 2008. Les multiples injections de capitaux, la baisse du prix du pétrole, l’inflation minime et la politique à taux zéro des banques centrales (FED, BoJ et BCE) n’ont pas ramené le moral chez les banquiers, les assureurs ou les gestionnaires de fonds. Leurs marges se sont effondrées et, comme pour les autres acteurs de l’économie, quand les revenus sont inférieurs aux dépenses, vient un temps où les pertes deviennent insoutenables.
Nous y sommes depuis quelques temps déjà et la discrétion (ou le silence) des ministres responsables cache mal une inquiétude concernant la santé de certaines banques européennes.
Ces dernières semaines ont vu la concrétisation des craintes à l’égard des institutions financières en particulier la déliquescence du système bancaire italien, le Brexit servant de catalyseur à ces évènements de marchés.
Plus préoccupant, les grosses difficultés de la Deutsche Bank, première banque allemande, et qui porte le titre peu enviable de “banque la plus dangereuse au monde”, avec dans son hors-bilan de engagements bruts portant sur un montant notionnel sous-jacent de produits dérivés dépassant les 50.000 milliards d’euros (pas d’erreur de typo, non, et ce ne sont pas des cacahuètes…). Il serait intéressant de connaître la valeur globale nette de marché de cette exposition. Et là les autorités ont un rôle pour le moins complaisant : il n’est pas toujours facile de déterminer cette valeur, ou bien il est possible d’étaler les pertes latentes dans le temps (comme c’est le cas dans certaines conditions pour la valorisation de certains actifs au bilan des assureurs !). Les fonds propres de la Deutsche Bank s’élèvent à environ 60 milliards pour un bilan de 1600 milliards : un rapport de 1 à 25, et cela sans tenir compte des engagements hors bilan, c’est à- dire des positions en dérivés.
Autant le reconnaître: la Deutsche Bank est dans le coma ! ! !
La baisse des taux d’intérêt a réduit comme peau de chagrin la marge d’intermédiation bancaire, soit un écart moyen entre le taux d’intérêt des prêts que la banque consent et le taux d’intérêt auquel elle emprunte pour financer ces prêts. En clair, la baisse des taux ne permet plus aux banques d’être rentables sur leur métier de base. De plus, l’excès de réglementations auxquelles ces institutions doivent se plier les pousse à investir dans des activités plus risquées. Condamnée pour manipulations sur divers marchés financiers (LIBOR, argent…), poursuivie en Italie, la banque allemande doit faire face à de nombreux procès qui ternissent encore un peu plus son image.
En Italie, fin juin, la Banque Centrale Européenne est intervenue à hauteur de 150 milliards d’euros de liquidités afin de soutenir le système bancaire italien en déliquescence, incapable de faire face à de trop nombreuses créances douteuses de l’ordre de 360 milliards, en particulier l’héritage de la crise de 2008.
La banque Monte Paschi di Siena est en quasi faillite ployant sur des créances douteuses (47 milliards d’euros) et une insuffisance de fonds propres.
Une législation européenne en vigueur depuis 2014, la Bank Recovery Resolution, appelé le “bail in”, précise qu’en cas de faillite les premiers 8% du capital soient supportés par les actionnaires, et les créanciers, avant que l’État ne puisse intervenir. Mais l’État italien rechigne devant cette réglementation et souhaiterait avoir le soutien des États européens en tant que bailleurs de fonds. En effet, les actionnaires de la grande majorité des banques italiennes sont des petits porteurs.
Il va s’en dire qu’une faillite provoquerait la ruine de ses petits actionnaires et ces derniers ne comprendraient pas que l’on soutienne les systèmes financiers irlandais puis grec et portugais avec de l’argent emprunté à l’Europe et non pas le système financier italien.
Certes, mais c’était avant cette fameuse réglementation !
Et ne croyez pas que seules la Deutsche Bank et Monte dei Paschi soient concernées, on parle aussi de HSBC, du Crédit Suisse et de BNP Paribas.
Nos brillants gouvernants et décideurs avaient-ils pensé à ces cas de figure bien sûr “si improbables” ?
Pieter KERSTENS
3 commentaires
Le Ket · 1 août 2016 à 17 h 33 min
Et selon le point de vue de certains économistes, ce ne sont pas les récents “stress tests” auprès de 50 banques européennes qui vont tranquilliser les milieux économiques ….
A visionner ci-dessous =
http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/olivier-delamarche-vs-emmanuel-lechypre-13-les-stress-testsa-refletent-ils-vraiment-l-etat-des-banques-0108-846787.html
Debbaudt · 1 août 2016 à 19 h 09 min
De toute façon les Banksters ont pris leurs précautions , ils ne perdront pas un cent car la perte sera comme toujours pour les dindons d’épargnants clients….dexit FORTIS !.
Guy · 2 août 2016 à 21 h 33 min
Bravo pour l’article Pieter, mais un peu trop technique pour le non initié.